Le doute

Monstre subtil à l’aspect changeant, le doute est capable de se glisser dans la plus minuscule faille de l’esprit. Il est partout, au bout de mes doigts lorsque j’écris, dans mes pas quand je me rends voir ma psychologue, dans mon ventre au moment de commencer une journée de travail, impossible de lui échapper. Mes dernières semaines sont consumées pas le doute.

Ma vie est revenue à la normale, normale d’avant mon arrêt de travail, et je n’ai pas l’impression que beaucoup de choses ont changé. J’enchaine mes journées de travail comme des corvées. Je n’ai pas envie d’y aller. Je suis trop lente à effectuer mes tâches. Je ne maîtrise pas assez mon sujet, mon domaine d’expertise. Je voudrais être ailleurs, faire autre chose, mais quoi?

Lorsque j’arrive chez moi le soir, je suis fatiguée, crevée, éreintée. Je n’ai qu’une envie, c’est de manger puis d’aller me coucher. Mon cerveau est HS et je n’arrive pas à me motiver à faire quelque chose pour moi. Lecture, dessin, jeu, tout me semble trop épuisant. En plus, je dois, deux soirs par semaine, gruger dans mes réserves pour aller donner mon cours de judo.

Depuis quand le judo est-il rendu une corvée? Depuis trop longtemps. J’en ai marre d’y aller à reculons. Marre de devoir planifier la saison. Je veux aller m’y défouler, pas surveiller. Comme j’aimerais pouvoir suivre un cours à nouveau. Pouvoir rater une séance sans devoir planifier mon remplacement. Au lieu de m’aider à aller mieux, le judo me coule.

Suis-je guéri de mon mal être? Je doute que non. Que dois-je faire alors? J’ai malgré tout progressé depuis l’an passé.

Je dis non plus facilement. J’ai dit non aux 5 jours par semaine. Maintenant, je ne travaille que 30 h en quatre jours. J’ai dit non aux tâches qui me plaçaient en situation de stress. Maintenant, je peux dire non à la gestion du contact client et celle des travaux de forages. J’ai dit non aux quatre soirs par semaine de judo. Maintenant, je ne m’occupe que du cours des adultes.

J’ai recommencé à lire et à dessiner. C’est toutefois encore très embryonnaire puisque je ne le fais pas encore de façon spontanée. L’envie n’y est pas. Il faut que je me prépare des moments spécifiquement dédiés à ces activités autrement je ne m’y adonne pas.

Je me sens brisée, comme une coquille vide.

Enfin, au moins il y a l’écriture qui me fait vivre d’autres sortes d’émotions sans toutefois échapper au doute. Cette semaine, j’ai envoyé mon manuscrit à une maison d’édition supplémentaire ainsi qu’au Prix Robert-Cliche du premier roman. Est-ce que je vous étonnerais si je vous disais que je doute encore de la qualité de mon œuvre?

Je sais que mon texte n’est pas parfait et qu’il ne le sera jamais vraiment, mais j’ose croire qu’il est suffisamment travaillé pour plaire à un éditeur. Je l’espère fortement. Je n’ai pas écrit d’article sur mon blogue la semaine passée, car justement je travaillais encore à corriger certains détails avant l’envoi.

Maintenant que c’est fait, il me reste encore du travail avant de faire les prochaines soumissions. Déjà, espérer avoir de nouveau retour de mes bêta-lecteurs. J’ai eu la bonne nouvelle hier qu’une de mes bêta-lectrices était bien avancée dans sa lecture et sa me fait du bien.

Bref, comme toujours, mon projet de roman me maintient sur les rails. Je doute toutefois que cela soit suffisant.