Course contre la montre
- Blanche Richer
- 21 mars
- 4 min de lecture
Déjà quatre mois. Quatre mois que mon contrat est signé. Et non, contrairement à ce que certains pourraient penser, je n’ai pas encore commencé le processus éditorial de mon roman. Pour le moment, je suis dans l’attente. J’attends que le mois de juin arrive. Tel que précisé dans mon contrat, il y a une petite (grosse) condition à remplir avant d’amorcer le travail sur mon roman : je dois livrer le premier jet du tome 2 avant juin 2025. Donc, je n’attends pas vraiment, au contraire j’ai du pain sur la planche.
Pourquoi une telle demande de la part de mon éditrice? Eh bien, je lui ai vendu un projet de trilogie. Il est tout naturel que celle-ci s’assure que la suite du tome 1 existe et que les tomes 2 et 3 sortiront à l’intérieur de délais raisonnables. Je la comprends parfaitement. Personne n’aime lire un livre et devoir attendre dix ans avant que ne paraisse la suite.
Ce n’est pas un peu court comme délai? Le tome 1 m’a pris trois ans à écrire, et là on me demande de pondre le tome 2 en six mois. Oui, je le vois comme une tâche immense à réaliser, mais c’est beaucoup moins pire que ce qu’il paraît. On me demande un premier jet. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec cette dénomination, voici une définition maison et selon ma propre compréhension de ce qu’est un premier jet :
Un premier jet c’est l’auteur qui se raconte l’histoire à lui-même. Le premier jet n’a pas besoin d’être bon, il a pour seul objectif d’exister. Il peut être bourré d’incohérence, les temps de verbes peuvent changer pour aucune bonne raison, des personnages peuvent apparaître ou disparaître d’un chapitre à l’autre et leur nom changer, il peut être truffé d’annotation tel que : [insérer la description du lieu X] ou [écrire le dialogue d’une chicane entre X et Y], bref le premier jet c’est le brouillon d’un brouillon.
Pour information, lorsque j’ai écrit mon tome 1, je n’ai pas fait de premier jet. Je révisais tout ce que j’écrivais au fur et à mesure que j’avançais. Avant d’amorcer la rédaction d’un nouveau chapitre, je relisais toujours les 2-3 chapitres précédents si je ne repartais pas carrément du début. Je pouvais prendre 3 heures pour écrire un simple paragraphe, car je cherchais constamment le mot exact dont j’avais besoin. Ainsi, quand j’ai écrit les derniers mots du tome 1, certaines portions du texte avaient déjà révisé plus d’une dizaine de fois. J’avais alors une version de mon livre qui était beaucoup plus aboutie qu’un premier jet.
Avec mon tome 2, j’apprends à ne pas me casser la tête et à m’autoriser l’imperfection dans le but de faire progresser l’histoire. C’est vraiment efficace lorsque j’y arrive, mais cette méthode est contre-intuitive pour moi. Je dois me faire violence pour ne pas relire ce que j’ai déjà écrit.
Jusqu’à présent, j’ai 24 000 mots d’écrit et j’estime avoir besoin d’environ 60 000 mots pour finir mon premier jet en visant une version finale à 80 000 mots. D’ordre général, selon les témoignages d’auteurs dont j’ai eu vent, la majorité de ceux-ci ont tendance à produire des premiers jets plus volumineux que l’œuvre final. Par exemple, pour des romans de fantasy, on voit souvent des comptes de 150 000 à 210 000 mots alors que l’on devrait plutôt viser entre 80 000 et 150 000 mots (c’est encore des chiffres plutôt élevés).
Ainsi, on mentionne souvent qu’un premier jet est voué à être raccourci. Dans mon cas, je fais partie d’une minorité qui doit enrichir le premier jet pour le rendre attrayant (d’un point de vue marketing et non créatif). Je suis du genre droit au but et je ne m’embarrasse pas de détails à plus finir. Ce pour quoi je me permets un premier jet maigrichon.
En comparaison, la première version de mon tome 1, qui je rappelle était plus aboutie qu’un premier jet, était de 68 000 mots, tandis que la version actuelle, qui n’est pas la version finale, compte 76 000 mots.
Ce premier jet est un défi que je suis prête à relever. Toutefois, je le vois bien, j’ai à peine le 1/3 de mon objectif d’accompli et il ne me reste que deux mois pour l’achever. Il est clair que je dois mettre les bouchées doubles. D’un autre côté, il faut dire que je n’ai pas vraiment écrit au cours des deux derniers mois.
L’hiver n’est jamais une période facile pour moi. J’ai moins d’énergie et ma motivation prend des vacances (alors que c’est moi qui en aurais besoin). J’ai besoin de plus de repos pour affronter le quotidien et je manque de temps pour mes loisirs. Ma capacité mentale à écrire après une journée de travail prend donc le bord.
Bref, le soleil est de retour avec le printemps et j’œuvre à replacer l’écriture dans ma routine. Un mot à la fois, une petite victoire à la fois, j’avance pour retrouver mon rythme. J’ai bien l’intention d’arriver en juin avec des résultats qui me mèneront à l’étape suivante : la révision éditoriale de mon tome 1.
Un grand merci à tous ceux qui me suivent et qui prennent le temps de lire ces petits morceaux de moi. Je l’apprécie énormément. Comme toujours, je vous invite à laisser un commentaire ou une question. Dites-moi ce que vous appréciez le plus, ce que vous aimeriez que j’aborde comme sujet ou simplement comment ça va.
Sur ce, j’ai un roman à écrire 😅.
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